L’OSQ donnait un premier concert extérieur depuis 2018. (Jocelyn Riendeau/Le Soleil)
L’OSQ sort, et triomphe
Par Emmanuel Bernier-Le soleil
5 août 2025
« C’est le plus grand public de ma vie ». Le chef Clemens Schuldt irradiait sur la scène installée sur la place Jean-Béliveau, où des milliers de gens s’étaient massés mardi soir sous un ciel sans nuages pour entendre l’Orchestre symphonique de Québec. Une astucieuse initiative qui devra impérativement être renouvelée.
L’OSQ n’avait pas donné de concert extérieur depuis 2018. Certains se rappelleront les nombreux événements du genre offerts à l’époque de Yoav Talmi, notamment au parc Roland-Beaudin à Sainte-Foy.
Moins occupé que les étés passés (pandémie exceptée) puisqu’il est exceptionnellement absent de la programmation du Domaine Forget, l’ensemble a décidé d’organiser ce rendez-vous, peut-être inspiré par l’immense succès des concerts de l’Orchestre Métropolitain, qui rassemble chaque été des dizaines de milliers de personnes au pied du mont Royal.
Il est difficile d’évaluer avec précision la quantité d’individus réunis mardi soir pour entendre le plus vieil orchestre canadien, mais tous ceux qui étaient là s’accorderont pour dire qu’il s’agissait d’une véritable marée humaine, couvrant tout l’espace découvert, et une bonne partie de la zone végétalisée.

Clemens Schuldt a dirigé l’orchestre devant le « plus grand public de sa vie ». (Jocelyn Riendeau/Le Soleil)
Des citoyens de tous les âges, de toutes les provenances, certains sur des chaises pliantes, d’autres sur des couvertures, d’autres debout. De jeunes couples avec des enfants dans les bras, sur les épaules ou dans la poussette, de nombreux aînés, dont certains en fauteuil roulant, des jeunes aux cheveux bleus ou coiffés d’une casquette de course. Certains ont à leurs pieds une boîte à lunch, sirotent une bière ou dégustent du poulet frit. On voit même des chiens ici et là.
Présenté par Éric Bilodeau, d’ExpoCité, coprésentateur de l’événement avec la Ville de Québec, maestro Schuldt a dirigé un programme éclectique, mais accessible, qui comblait autant les connaisseurs que les néophytes. Les premiers ont sans doute pu ajouter à leur tableau de chasse les deux extraits d’Aladdin de Nielsen et la Colonial Dance de l’Afro-Américaine Florence Price, que le chef a voulus comme un « message […] contre le racisme ».
Le reste du programme était à la hauteur de l’aspect festif de l’événement, que ce soit l’arrangement pour orchestre de la Rhapsodie hongroise no 2 de Liszt, qui a ouvert la soirée, ou les extraits de Peer Gynt de Grieg, de Carmen de Bizet ou de La guerre des étoiles et d’Indiana Jones (en rappel) de Williams, la Valse de l’Empereur de Johann Strauss Jr, l’Intermezzo de Cavalleria Rusticana de Mascagni et la Chevauchée des Walkyries de Wagner. Trois arrangements des plus grands tubes de Félix Leclerc par Gilles Bellemare mettaient fin au programme avec une couleur d’ici.
Certaines de ces pièces ont d’ailleurs été jouées dans les deux dernières années par l’OSQ, qui a notamment accompagné Carmen à l’Opéra de Québec pas plus tard que la semaine passée. Pour ces derniers extraits, Clemens Schuldt n’a pas hésité à endosser ses habits de torero!
Le programme semble avoir ravi, comme en témoignent ceux qui frappent des mains dans l’Ouverture de Carmen, ou les nombreux qui battent discrètement la mesure ou hochent la tête en souriant au gré de la musique.

Il y avait une foule imposante, mardi, pour ce rendez-vous musical éclectique. (Jocelyn Riendeau/Le Soleil)
En renouvelant l’expérience, l’OSQ, qui ne s’attendait peut-être pas à autant de monde, pourra augmenter l’amplification (on entendait moins bien sûr les côtés), ajouter des écrans pour ceux placés plus au fond (l’iconique sculpture de Cooke-Sasseville est malheureusement au centre de la perspective) et ajouter des animateurs pour les enfants qui jouent avec beaucoup (trop?) d’entrain dans les jeux du site. Et pourquoi pas trouver des invités spéciaux pour se produire avec l’orchestre ou animer la foule?
Hormis ces ombrettes au tableau, ce fut un triomphe complet pour l’orchestre et son chef.